LOS, le déplacement d’un statut de sport
vers un statut d’art.

LOS aborde la nostalgie. Lorsque nous avons rencontré la neige pour la première fois, nous l’avons prise à pleine main et l’avons compressée en une boule de neige. Ce geste pourrait se définir comme un geste primaire qui compose encore l’imagerie des ambiances hivernales et celle de tous les combats glacés d’autrefois.

La culture Suisse et les sports d’hiver sont inextricablement liés au froid et à la surabondance de neige. Mais cette image est déjà nostalgique en soi. Les hivers sont chauds et de moins en moins rudes. Les glaciers, au sommet du fameux Matterhorn, fondent...

LOS joue avec l'artifice. Last One standing est une action artistique qui délivre de manière émotive et compétitive un combat qui jusqu'à présent était associé aux espaces enneigés. La neige que nous proposons avec LOS est artificielle. Les canons à neige demeurent visibles afin que l’origine réelle de la substance blanche ne soit pas esquivée.

Les boules de neige ne sont plus faites à la main mais produites mécaniquement et distribuées en quantité limitée aux seuls joueurs. De l’abondance à la rareté.

Le formatage des boules de neige échappe à toute forme de cliché. De manière magnifiquement codifiée, LOS injecte l’artifice et la formalité dans ce qui est habituellement connu comme un amusement et une espièglerie. La bonne vieille bataille de boules de neige.

LOS c’est l’art de rendre la dégradation soutenable. LOS joue l’espièglerie pour contrebalancer des perspectives plutôt sombres. Nous pensons que ce jeu contient obligatoirement un zest de subversion. Il permet de rendre visible et lisible le monde de façon métaphorique. C’est le rire qu’il suggère d’utiliser dans la façon de se conduire avec soi-même.

Par cette action artistique LOS, nous sommes forcés de nous confronter à l’impact industriel sur l’environnement et de reconnaître la perte imminente de l’hiver tel que nous le connaissons. LOS oblige le spectateur à penser en termes de contrôle de la disparition: disparition des glaciers et disparition de la neige. A travers l’expérience LOS, nous célébrons la joie du sport et de l’enfance mais, nous rendons compte également du problème global du réchauffement avec ses diverses et terribles ramifications.

LOS est un label sportif. Nous avons l’ambition d’être reconnu comme les inventeurs d’un nouveau jeu. Même si nous désirons traiter son évolution avec la conscience et l’esprit des artistes, nous le dirigerons comme un réel jeu sportif. Il sera joué et rejoué. Les règles deviendront de plus en plus sophistiquées. Les équipes sportives deviendront professionnelles. Nous accompagnerons LOS dans les méandres de divers contextes institutionnels. Nous espérons que le CIO fera un jour de LOS une discipline olympique, marquant ainsi du sceau de l’approbation l’humble combat de boules de neige.

LOS rejoue son identité à partir de réalités locales. Une particularité caractérise le développement du jeu, c’est son lien au « local ». L’action artistique est volontairement ancrée dans le contexte d’un espace donné avec sa propre culture. Lorsque nous préparions le premier test du jeu à Fully, en Valais, nous étions intensément attentifs sur le besoin de considérer la dimension régionale. Nous décidions de recruter nos joueurs parmi les corporations qui fondent le modèle valaisan (les fanfares, les vignerons, les équipes des institutions sociales, les juges et avocats, les célébrités locales…). Pour toutes les actions planifiées à San Francisco, à Johannesburg ou ailleurs , nous nous soucierons que les artistes et acteurs du lieu soient partenaires.

LOS encourage les collaborations entre disciplines. Nous avions aussi une autre ambition majeure: associer plusieurs groupes d’étudiants au processus développemental de LOS, intégrer LOS à leur processus d’apprentissage respectif. Les étudiants de l’école d’art du Valais et ceux de la Haute Ecole en Santé Social du Valais ont joué un rôle clé dans le développement et la production de LOS à Fully.

Ils étaient les premiers à tester le jeu durant l’hiver et durant des « camps d’été ». Ils ont contribué de manière substantielle, avec leurs suggestions et leurs critiques à la finalisation de toutes les règles. Avec le soutien d’une équipe technique, les étudiants ont pu concevoir et exécuter l’espace sonore du jeu, dans des ateliers « son ». Ils ont créé les jingles qui signalent les intermèdes. Plusieurs équipes ont pris en main la documentation vidéo et photographique des tournois. En classe était discuté le point de vue théorique sur les liens entre sport et art. Les étudiants de la HES ont préparé et accompagné 800 élèves âgés de 11 à 18 ans, durant huit journées. Ils ont permis aux enfants d’expérimenter le jeu. LOS était ainsi introduit à des joueurs professionnels potentiels de LOS et à ses futurs fans. De tels scénarios seront renouvelés lors des prochaines actions.